Artères Souterraines par Warren Ellis

Warren Ellis, qui a participé au renouveau du label Marvel et est principalement connu pour ses comics, signe avec Artères Souterraines son premier roman.

L’histoire, sombre, nous plonge dans la vie minable de Mike McGill, détective privé looser, sans clients, au bord de la ruine, qui va se voir confier une enquête très spéciale et très lucrative, qu’il ne pourra pas refuser.

Plus roman d’aventure que polar, la plume d’Ellis est pleine d’humour noir et nous emmène en voyage dans ce que les Etats-Unis comptent de culture alternative, des marginaux aux sociétés secrètes supposées commander le pays et qui alimentent bon nombre de fantasmes en surfant sur des légendes urbaines aussi vieilles que le pays.

En fin de compte, Ellis accumule tellement de perversion et d’absurde dans son récit que les aventures de Mike McGill en deviennent absurdement comiques. On se dit à chaque fois qu’il ne pourra pas aller plus loin dans le pervers, que ça serait vraiment trop… mais si !

Au final, un très bon livre, plein de rebondissements, de cynisme, un brin déjanté. Un très bon moment !

Libre, seul et assoupi par Romain Monnery

Il aurait pu appeler son premier roman « éloge de la paresse » ou « manuel à l’attention de ceux qui cherchent à ne pas trouver de travail ».

A la lecture du roman, puis de la bio de ce jeune auteur de 30 ans, on se demande quelle est la part d’autobiographie.

L’auteur y dresse le portrait de Machin, tellement transparent que personne ne prend la peine de retenir son prénom… Son bac+5 en poche, ses parents le poussent en dehors du nid. Il se retrouve en colloc à Paris, en ayant autant envie de travailler que de se pendre.

De jobs précaires en propositions louches, en passant par les méandres de l’ANPE et les galères d’une colloc à quatre, le naratteur va réussir à consacrer le plus clair de son temps à son activité favorite : ne rien faire !

Drôle, attachant, ce personnage de jeune tellement caractéristique de ma génération m’a vraiment captivé, à tel point que je l’ai fini en quelques heures. En plus d’être drôle, le personnage de Machin évolue au fil du roman, laissant de côté ses illusions perdues pour se fondre dans le monde des adultes.Un premier roman à conseiller, dans une rentrée littéraire qui s’annonce chargée !

Libre, seul et assoupi de Romain Monnery, aux éditions Au diable Vauvert.

Les Tribulations d’une Caissière, Anna Sam

A moins d’avoir été enfermé dans une grotte, il a un moment été difficile de passer à côté de la très médiatique Anna Sam, rendue célèbre par son blog qui raconte son quotidien de caissière.

Avec le succès de son blog, Anna Sam a pu sortir son premier livre Les Tribulations d’une caissière, largement inspiré de son blog et de son quotidien d’hôtesse de caisse, comme le politiquement correct requiert qu’on les appelle désormais.

J’étais assez impatient de lire ce livre. Pour avoir connu brièvement le monde de la grande distribution dans un stage, je sais qu’on peut très vite voir et entendre des perles à se tordre de rire, qui sont parfois tellement énormes qu’il faut le voir pour le croire. Mais je n’ai pas accroché à ce livre.

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D’emblée, Anna Sam le présente comme un livre de trucs et astuces pour des aspirantes Hôtesses de Caisse. Soit. Mais c’est tout de même assez vide.

Anna Sam se plait à rapeller qu’elle est titulaire d’un DEA en Littérature. Mais savoir étudier des textes ne fait pas d’elle un auteur (tout comme le fait de bloguer ne fait pas de moi un journaliste). Elle dispose d’une matière première formidable qu’elle balance au lecteur, à la va-vite, sans prendre le temps de nous raconter une histoire ou de développer plus des situations qui le mériteraient.

Ma frustration vient certainement du fait que je suis sûr qu’elle peut mieux faire, surtout quand on lit son blog. Anna, à quand un deuxième livre, plus drôle et plus développé ?

Amélie Nothomb – Le fait du Prince

Ma première rencontre avec Amélie Nothomb date de mon année de première, avant le bac de français. Dans notre thème sur la Biographie, notre prof nous avait demandé de livre Stupeur et tremblements en lecture complémentaire.

J’ai acheté le livre, je me suis enfermé dans ma chambre, et une heure après, je me suis levé de mon lit, amoureux de cette écriture. Après les tonnes de bouquins chiants classiques que je m’étais enfilé, c’était une véritable bouffée d’oxygène.

Et depuis toutes ces années, je suis toujours resté aussi amoureux de l’écriture d’Amélie Nothomb.

Alors, peut être que ce n’est pas de la grande littérature, il est aussi évident que tous les livres de cettre graphomane ne sont pas du même niveau. Mais j’aime passer un bon moment avec Amélie.

D’ailleurs, Le fait du prince fait plutôt partie des ouvrages réussis d’Amélie Nothomb. Ce qui fait souvent la qualité de ses romans, c’est la difficulté que l’on a à résumer l’histoire de façon simple. La lecture se fait rapidement, avec beaucoup d’émotions contradictoires qui font qu’on a besoin de lire le livre pour les vivre.

S’il fallait faire un pitch, je dirais qu’un homme se retrouve à abandonner sa vie fade et monotone pour vivre la vie d’un homme qui est venu mourir chez lui. Il va alors tenter de reconstituer morceau par morceau le puzzle de la vie de cet homme, et ira jusqu’à le remplacer auprès de sa femme… avant de fuir avec elle mener une nouvelle vie, ailleurs.